Déserts médicaux Intégrer des jeunes « ruraux » en médecine
Les étudiants en médecine viennent surtout des métropoles et peuvent avoir certains préjugés sur la ruralité. Alors pourquoi ne pas favoriser les jeunes ruraux qui veulent exercer un métier de la santé sur leur territoire d’origine, suggère un nouveau rapport du Cese pour lutter contre les déserts médicaux.
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Dans un rapport discuté le 13 décembre, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) formule 10 recommandations pour « Renforcer l’accès territorial aux soins », selon la commande exprimée en octobre dernier par la ministre de la Santé Mme Buzyn.
Une des 10 propositions consiste à diversifier l’origine territoriale et sociale des étudiants en médecine pour équilibrer à terme leur répartition sur les territoires. En commençant par changer la sociologie du recrutement des étudiants, qui sont très majoritairement issus des métropoles et de milieux sociaux favorisés. Leur regard sur la ruralité, les banlieues et plus généralement les territoires sous-denses peut être emprunt de préjugés.
Sensibiliser les ruraux
Le Cese propose par exemple, en construisant dans les zones sous-denses des filières d’initiation et de préparation aux métiers de la santé dès le lycée. Dans l’immédiat, pour favoriser les stages en zones sous-denses, le Cese recommande la prise en charge du logement et du transport des stagiaires internes par une allocation spécifique.
L’Est, première victime de la pénurie
La lutte contre les zones « sous-denses » en médecins est une priorité du gouvernement. D’autant plus qu’au moins 8 % de la population, soit plus de 5,3 millions de personnes, sont concernées par un difficile accès aux professionnels de santé, et que ces déserts s’étendent rapidement. Le désert médical désigne les zones où les habitants ont accès à moins de 2,5 consultations par an, selon un indicateur mis au point par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Les régions les plus touchées sont les territoires ruraux de la Bourgogne-Franche-Comté et de l’Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que les zones sensibles de lÎle-de-France.
L’argent ne suffit pas
L’assurance maladie, l’État et les collectivités territoriales ont multiplié les aides à l’exercice médical en zones sous-denses. La dernière en date : 50 000 € sur trois ans à chaque médecin installé depuis 2017.
Sans compter d’autres avantages fiscaux ou sociaux. Les collectivités territoriales, de leur côté, se sont engagées, avec des intentions légitimes, vers une forme de surenchère des initiatives qui s’avère coûteuse et pénalisante pour les collectivités les plus pauvres, note le Cese. « De l’avis général, la plupart des aides financières, quoique substantielles, sont inefficaces, l’assurance d’une qualité de vie professionnelle et personnelle étant en réalité l’incitation majeure à l’installation dans tel ou tel territoire ».
Sophie BergotPour accéder à l'ensembles nos offres :